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crèche de l’église St Martin de la commune de Saint-Martin-Cantalès Pendant le confinement, nous vous présentons des merveilles et des pépites du patrimoine cantalien !

 

Choyés et mis en valeur dans les crèches au moment des célébrations de Noël ou délaissés au fond des placards des sacristies, les enfants Jésus en cire ne laissent pas indifférent. Après un rappel sur les catégories et leur fabrication, nous verons pourquoi la crèche de St-Martin Cantalès est singulière dans l'inventaire cantalien.

 

Comment sont fabriqués les enfants Jésus de cire ?

Dans un premier temps, la cire est chauffée, écumée, filtrée et séchée au soleil - à plusieurs reprises - pour être blanchie. Cette matière première est ensuite mêlée à du suif ou du saindoux, à des pigments et des résines naturelles pour opacifier la cire et lui donner les propriétés plastiques recherchées.
Chauffée puis versée dans un moule, la cire donne des figures creuses ; les mains et les pieds, plus petits, sont pleins. Les éléments moulés sont soudés ; la coloration des chairs et les détails sont peints.
Les moules sont fabriqués par les artisans. Pour la fixation du corps en tissu aux membres et à la tête en cire « on place une étoffe à la base du buste, devant et dos que l'on chauffe avec un fer pour que la cire la pénètre et la fixe ». Il reste ensuite à coudre l’étoffe, à la bourrer avec du tissu ou du son. Le mannequin peut avoir une structure en bois et comporter des fils de fer dans les bras et les jambes.

 

Quel enfant Jésus ?

Les représentations de cire de l’enfant Jésus peuvent être regroupées en deux catégories :
• les nouveau-nés ou bébés potelés couchés ou assis A partir du Moyen Age, on trouve des représentations en cire de l’enfant Jésus appelés « petites consolations » dans les monastères féminins. Ils étaient censés adoucir l’entrée au couvent des jeunes filles et combler l’absence de maternité.
• les enfants debout et bénissants.

 

albepierreLes enfants Jésus du Cantal

Inventoriés dans les églises d’Albepierre-Bredons (ci-contre), Auzers, Coren, Cros-de-Montvert, Dienne, Escorailles, La Trinitat, Le Vigean, Méallet, Sainte-Marie, Vic-sur-Cère, les enfants Jésus du Cantal appartiennent tous à la première catégorie.
Tous sont couchés, habillés avec des vêtements faits à la main avec du remploi de textiles domestiques et/ou liturgiques, ils arborent quasi systématiquement des cheveux châtains naturels, des yeux bleus généralement en verre. Les expressions et détails sont plus variés et certains d’entre eux sont plus proches de la physionomie d’une poupée féminine et d’autres de celle d’un bébé masculin.
Ces enfants de cire sont pour certains encore utilisés à ce jour et trônent dans les crèches de Noël, entre les autres personnages de la Nativité. Disproportionnés par rapport à ces statues plus grandes, ils continuent de remplir leur fonction. D’autres ne sont plus usités et remisés dans les placards des sacristies et d’autres sont endommagés. Mais ils restent toujours conservés avec ferveur. A ce jour, la présence de ces enfants Jésus dans les sacristies ne s’accompagne pas d’éléments : signatures, marques de fabrique, boîtes et archives…, permettant de les rattacher à un centre de fabrication précis.

 

Fig. 14 Saint Martin CantalèsUn cas particulier : la crèche de l’église St Martin de la commune de Saint-Martin-Cantalès

Singulière dans le corpus cantalien, elle est signée, datée et se compose de divers matériaux. L’enfant est présenté dans une « boîte » en bois polychrome en forme de maison. La face et les côtés sont vitrés pour permettre l’exposition. L’intérieur de la boîte est peint et met en scène les parents de Jésus : Marie et Joseph, les animaux assistant à la naissance : l’âne et le bœuf. Au revers de la boîte se trouve la signature de l’artiste : « FAIT A SALERS/PAR JEAN Bte PEUCH/EN 1818 ». Le personnage central de cette mise en scène est un enfant Jésus de facture naïve par rapport à son décor. Il repose sur un matelas et traversin mobiles en toile grossière recouverte d’un tissu de soie rose, elle-même recouverte de tulle et borduré de dentelles de fils d’or (filé et lame) comme sur les ornements liturgiques. Le corps de l’enfant est monobloc, entièrement polychromé et très probablement réalisé en plâtre peint ou seul le visage semble avoir reçu un apprêt pour lisser les traits. Il est couché, hiératique, les mains tendues et le regard, tournés vers le ciel. Ses jambes sont solidaires jusqu’aux genoux puis légèrement espacés jusqu’aux pieds. Ses cheveux, peut-être naturels ont disparus. Le peintre lui a donné des yeux bleus dans un regard fixe, des sourcils châtains, des pommettes rosées, comme la bouche qui elle est fermée et serrée. Il porte des vêtements cousus mains comme pour sa litière. Il est affublé d’une longue et transparente robe de tulle blanc à motifs, avec des manches longues.

Fig-19-Saint-Martin-Cantales
Fig-18-Saint-Martin-Cantales
Fig-17-Saint-Martin-Cantales
Fig-16-Saint-Martin-Cantales
Fig-15-Saint-Martin-Cantales
 

Pour en savoir plus :

Véronique Breuil-Martinez et Guilaine Pons : « Noël. Les enfants Jésus de cire et les crèches d’églises des villages du Cantal aux XIXe et XXE siècles », Revue de Haute-Auvergne, 116e année – T. 76 – Juillet-Septembre 2014, p. 167-194, p. 285-318

Régis Bertrand, thèse « Crèches et santons de Provence », thèse, Edition A. Barthélemy, Avignon, 1992/1999

Musée Départementale d’Art sacré du Gard à Pont-Saint-Esprit : www.museedartsacre.gard.fr

Pascale et Pierre Moulier, « La dynastie Peuch, peintres et sculpteurs au XIXe siècle», n°26 Revue Cantal Patrimoine, premier semestre de 2013, p.34-61

Pascale Moulier, « La dynastie Peuch, peintres décorateurs d’églises dans le Cantal au XIXe siècle » in Regards sur la peinture religieuse, XVIIe-XIXe siècle (Actes du colloque de l'Association des conservateurs des antiquités et objets d'art de France, Caen (Calvados) les 27 et 28 septembre 2012, actes Sud Beaux-Arts, Arles, septembre 2013, p. 211-220.

 

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