Je ne sais pas vous, mais moi je suis de plus en plus réceptive au blues, un genre qui m’était tout à fait inconnu il y a encore quelques années.
Sans doute parce qu'en musique on apprend à aimer sans apprendre, petit à petit, par la fréquentation.
Peut-être aussi que ce genre discret nous change et nous repose de tout un tintamarre, l'originalité organisée de nombreux discours musicaux.
Le blues n'est rien qu'un type bien qui se sent mal, dit-on.
Le blues, genre (musicalement) sobre : quelques accords récurrents à la guitare, parfois un harmonica et une partie rythmique sur une caisse en bois ou n’importe quoi qui traîne. Le tout joué et chanté parfois par un seul homme (voir ce vieux Jesse Fuller, l’homme-orchestre). C’est l’authenticité du parcours qui départage les concurrents, car ce sont des histoires de pauvres, voire de pauvres histoires de coin de table, sans que ce soit non plus vraiment triste, juste lancinant comme la vie.
Au départ expression des Noirs du sud des Etats Unis, elle est souvent éclipsée par le rap ou le r’n’b dans les oreilles des jeunes afro-américains d’aujourd’hui. Mais, paradoxalement, elle est devenue l’espéranto des simples du monde entier.
Parmi la foule des bluesmen du passé et du présent je tire mon chapeau aujourd’hui au grand Otis Taylor : une dizaine de CD à son actif, une carrière cahotante qui failli bien tourner court plus d’une fois, une musique hypnotique au service d’histoires graves ou cocasses.
Il appelle ça «trance blues» car il se démarque de la vieille trame du delta par une extraordinaire virtuosité aux diverses cordes qu’il pratique (guitares, banjo, mandoline...) et la superposition de lignes mélodiques et rythmiques étonnante. Son blues vivant est envoûtant, à la fois fidèle et neuf.
Faites confiance au Blue eyed monster (titre de l’un de ses albums): le black barbu à l’oeil blues et ses compagnons vous mèneront loin.
Dans le désordre, quelques titres pour rencontrer Otis Taylor :
- Respect the dead
- Recapturing the banjo
- Truth is not fiction
- Below the fold...
M.H.