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Si on désire mettre sur pied un nouveau service de portage à domicile, on doit d'abord s'interroger sur les moyens dont dispose sa bibliothèque.

En matière de documents : livres, revues, livres audio... En matière de temps disponible (peut-on dégager une après-midi par mois, plus ou moins ?). Il faut compter environ une demi-heure par personne visitée, plus les temps de trajet...

Certaines bibliothèques qui pratiquent le portage ne se basent pas sur la régularité mais fonctionnent à la demande.

En moyens humains (on peut peut-être s'appuyer sur la disponibilité de bénévoles, d'un club de lecteurs, divers acteurs sociaux locaux...)

 

Obtenir l'accord de la mairie et le soutien des élus est indispensable

Vous trouverez en pièces jointes un rappel de quelques articles de la « Charte de Bibliothèques » (1991) qui concernent dans l'esprit ou de plus près le portage à domicile et les missions citoyennes des bibliothèques.

Quelques arguments sur lesquels s'appuyer:

  • Du fait de leur génération, les personnes âgées sont souvent de grands lecteurs ou de grandes lectrices : pourtant, parvenus à certain âge, la fréquentation de la bibliothèque leur devient difficile, voire impossible : problèmes de vue, peur de se déplacer, fatigue, poids des livres...
  • On connaît la tendance démographique de notre département : Déjà un tiers de la population cantalienne a plus de 60 ans. Seul un petit pourcentage (environ 10%) des plus de 70 ans sont hébergés en maisons de retraite.
  • De toute évidence, l'enjeu de l'aide à domicile est crucial : Le portage de livres à domicile s'inscrit dans cette perspective de veille sociale, de souci d'amélioration de la qualité de la fin de vie ou de la vie fragilisée, et veut participer au maillage humain entourant la personne âgée ou handicapée.
  • Il vient naturellement en complément de l'offre organisée par les services sociaux : une fois le bien-être physique assuré, l'offre de loisir et de lien humain s'imposent rapidement comme une nécessité.
  • Par rapport à la personne âgée, ou handicapée isolée : Souligner le bienfait de la parole échangée lors de la visite, du maintien de la personne dans un réseau communal, bienfaits de la lecture qui encourage l'activité mentale et émotionnelle à un rythme choisi.
  • Nombre de documents « à technologie ajoutée » (comme les livres-audio sur CD ou CD- MP3, demain les tablettes de lecture qui permettront de lire en gros caractères) sont dès à présent disponibles ou seront bientôt par la MDC : mais il est indispensable de montrer aux personnes à qui elles s'adressent comment ça marche.
  • Le portage à domicile soulevant la question du territoire desservi peut être l'occasion de faire de la bibliothèque un véritable outil d'intercommunalité.

 

Comment recenser les personnes « empêchées » qui aimeraient encore lire?

Certaines communes ou intercommunalités ont très étendues : on ne connaît pas tous les gens, encore moins ceux qui vivent reclus...

  • Il existe dans chaque mairie depuis le Plan Canicule un recensement des personnes isolées « fragilisées ». Encore faut-il que la Mairie y donne accès, mais c'est sûrement le meilleur moyen d'être équitable et efficace.
  • Rencontrer le (la) président(e) du Club du 3ème âge
  • Bien sûr questionner les adhérents de la bibliothèque peut être utile, ainsi que leur faire passer l'information pour leur entourage (parents, voisins, amis).
  • A des personnes âgées qui viennent encore à la bibliothèque mais montrent des signes de fatigue de plus en plus flagrants : une proposition de portage peut leur être faite à l'occasion, naturellement, progressivement : faites votre choix, je vous porterai les livres plus tard...

 

Définir qui a droit au portage :

  • Certaines personnes auraient tendance à demander à ce qu'on les assiste, alors qu'il est bon encore qu'elles sortent de chez elles.
  • Le portage doit rester une exception, un service complémentaire lié à un empêchement physique réel (mais, éventuellement, provisoire).
  • Avec souplesse, et sans pour autant demander de compte, il faudra veiller être attentif à ce qu'il y ait quand même un intérêt réel pour le livre, mais seulement pour la visite...auquel cas le professionnel du livre n'aurait pas sa place.
  • Ne pas être motorisé est-il un empêchement suffisant ? oui, sans doute pour les gens fatigables, fatigués.
  • Certaines expériences, dans d'autres départements, font état de demande de certificat médical. La procédure paraît lourde...et les dérives éventuelles plutôt faciles à déjouer.
  • Quant à la bibliothèque, elle doit rester un lieu de rencontre pour les handicapés physiques ou mentaux accompagnés et pour les personnes âgées valides.

Il faut aussi que le projet soit à ce stade assez clairement défini : gratuité ou non par rapport à l'abonnement bibliothèque "normal", périodicité des visites, choix de documents ou présélection...

Pour donner quelques éléments d'évaluation : une ville comme Alès (42.000 habitants) desservait en 2003 : 25 personnes à domicile. Béziers (72.0000 hab.) 40 personnes. Les communes du Cantal qui pratiquent depuis plusieurs années le portage font état de 3 à 10 personnes desservies à domicile.

Si on parvient à la mise en œuvre de ce nouveau service : ne pas oublier d'en conserver les éléments d'évaluation : tant de personnes desservies en 2010, tant de documents présentés, retenus : sur quels supports... etc. : ils seront indispensables pour développer des actions ultérieures.

 

Faire passer l'information d'un nouveau service de portage.

Comme toujours, il s'agit de faire connaître son action.

  • Sous forme de courrier (clair, écrit gros) ou tract par le facteur
  • Sous forme de tract par les pompiers au moment de la distribution de leur calendrier
  • Sous forme de courrier du Maire accompagnant le colis de Noël
  • Sous forme de tract distribué lors du portage des repas (s'il existe)
  • Sous forme d'affichettes ou de tract dans les locaux des services sociaux spécialisés
    Il existe en effet 5 centres d'information, d'orientation et de coordination pour les familles : qui couvrent l'ensemble du territoire départemental :
    • Le Centre Local d'Information et de Coordination en Gérontologie pour les secteurs d'Aurillac CABA.
    • La Maison de l'Autonomie pays d'Aurillac hors agglo.
    • Le CLIC Haut Cantal qui est basé à Riom.
    • Les Maisons de l'Autonomie pour les secteurs Saint-Flour et Mauriac:
  • Sous forme de courrier, tract ou affichettes adressés aux personnels de santé installés sur la commune : médecins, infirmières, kiné, pharmaciens...
  • Sous forme d'affichettes dans les commerces de proximité
  • Sous forme d'affichettes à la Maison de retraite, au Club du 3ème âge...
  • Le bulletin municipal doit bien sûr rappeler à chaque fois ce genre d'information, en même temps que les horaires d'ouverture de la bibliothèque, ainsi que le site Internet de la commune, si il existe.
  • Informer de l'existence de ce service partout où il est fait mention de la bibliothèque : guide du lecteur, horaires d'ouverture...
  • Pourquoi pas utiliser les services d'une radio locale.

L'accès au domicile de personnes méfiantes (parce que fragiles) est souvent difficile, et c'est bien normal.

Pour le portage « direct » ne pas négliger l'approche : Impossible de se présenter de but en blanc : il faut prévenir (par téléphone ou autrement), trouver le moyen de rassurer par sa professionnalité et sa légitimité.

 

Sinon, quels relais trouver autour de soi ?

Pour obtenir le concours de services à la personne existants sur la commune (portage de repas, aides ménagères autres services sociaux) d'abord se renseigner sur ce qui existe au niveau communal : CCAS, ADMR...en rencontrant le maire ou l'adjoint en charge de ces questions.

En définissant ses propres possibilités pour trouver une articulation possible avec les autres (temps, documents, moyens téléphoniques, moyens de déplacement, volonté de partenariat) et ce qu'il est possible de leur demander.

Par exemple : Dans une commune du Gard, (Saint-Gilles : 12.000 hab) le CCAS local organise un ramassage en minibus pour les personnes « empêchées » désireuses de se rendre à la bibliothèque.

Avoir l'accord des responsables est nécessaire, avoir l'adhésion des gens du terrain est mieux encore.

Dialoguer avec les aides ménagères qui viennent déjà à la bibliothèque, en tenant compte du fait que certaines personnes sont parfois mal à l'aise avec l'objet culturel. Leur proposer de leur faciliter le choix de documents : dédier une étagère à une présélection, leur préparer un sac... Y joindre éventuellement un mini questionnaire dans le livre invitant le lecteur – la lectrice – à dire d'un mot, d'une croix, si ça lui a plu, l'invitant à téléphoner au besoin à la bibliothèque:

Avec des bénévoles :

Il est bon de définir une charte du porteur : un engagement signé que la MDC peut aider à élaborer et qui doit certainement être approuvé par la mairie :

  • Engagement à la régularité (visite une fois par mois, par exemple, plus ou moins)
  • Déontologie – ne pas accepter d'argent, de cadeaux, sans refus pour autant de convivialité : un café, un verre d'eau...)
  • De préférence établir des binômes, pour que chaque personne visitée n'ait pas qu'un seul interlocuteur, bien qu'un lien de sympathie avec les personnes puisse s'établir (par exemple : une première visite à deux, puis alternée).
  • Prévoir de faciliter l'action des bénévoles : la mairie peut peut-être investir dans l'acquisition de caddies de marché ou cartables à roulettes pour faciliter les transports de livres qui doivent se faire à pied...
  • Prévoir des rencontres entre les personnes chargées de portage pour parler, des problèmes rencontrés (demandes inattendues, plaintes, difficulté de contact, ou au contraire : attachement et difficulté à voir décliner une personne, deuil...)
  • Insister sur une vision non figée de la personne âgée : autant de personnalités que de personnes âgées. Tout le monde n'a pas les mêmes goûts...et puis les générations avancent : les « babys boomers » n'auront pas les mêmes attentes, ni la même approche de la technologie que leurs aînés.

 

Obtenir reconnaissance et sécurité :

  • Il est important que le service de portage ne soit pas rendu en catimini, sans reconnaissance de l'action menée. Il est normal d'être remboursé(e) des frais kilométriques si on utilise son véhicule personnel, et d'être assuré dans le cadre de son travail.
  • L'usage d'un véhicule communal pourrait résoudre à la fois les problèmes liés à l'assurance et aux frais, en même temps que d'assurer une certaine « lisibilité » de son action.
  • Pour un service qui recourrait à une équipe bénévole : on peut se renseigner à la Fondation du Bénévolat qui a négocié une assurance « bénévole » auprès d'un consortium d'assurances. Voir sur : www.benevolat-info.fr/ ou tel : 01-53-70-66-36
  • (Les risques couverts sont larges, mais peut être à négocier)
  • Plus simplement et en cas d'usage de véhicule personnel, le bénévole doit en informer sa propre assurance pour être sûr d'être couvert.

 

Portage dans les maisons de retraite et autres foyers logement :

Certaines expériences font état de prêt « à domicile » à la maison de retraite.

On considère alors que la personne âgée est responsable et que son domicile la chambre n°..... Elle s'acquitte alors normalement de son abonnement bibliothèque.

Ce peut être une solution souple si l'établissement n'a pas d'animateur, ni de politique d'offre culturelle et de loisir, et si le nombre de résidents lecteurs est limité.

Mais, en cas de succès, et chaque fois que c'est possible, on veillera plutôt à coordonner son action avec le référent culturel de l'établissement, partenariat qui peut aller jusqu'au prêt de jeux de société, d'expositions, organisation d'ateliers thématiques, lectures à haute voix si on en a le temps et le goût...

 

D'autres idées pour optimiser la qualité du service :

  • Etablir une fiche de goût et centres d'intérêt par personne desservie.
  • Penser à garder (hors informatique : c'est interdit) une trace des livres ou autres docs prêtés pour ne pas rapporter le mêmes (note sur la fiche du livre).
  • Si on ne manque pas de documents, l'apport d'une présélection peut-être intéressant : la personne choisit 3 ou 4 livres parmi une dizaine qui lui sont présentés, selon son appétit.
  • Prévoir une visite initiale du bibliothécaire, éventuellement renouvelée annuellement, même si le portage est effectué par quelqu'un d'autre.
  •  Prévoir des rencontres téléphoniques avec les lecteurs empêchés.
  • Prévoir un signet marque-page avec la date de la prochaine visite si elle est déjà fixée.
  • Disposer un petit billet dans le livre porté pour établir un contact avec le lecteur (la lectrice) incitant à réagir :
 

J'ai choisi ce livre pour vous :
Est-ce qu'il vous a convenu ?
L'avez-vous trouvé intéressant ?
Distrayant ?
Difficile ?
Voulez vous en dire quelques mots ?
Aimeriez-vous le même genre ou un autre ?

(Par exemples : des livres avec des images, des revues large vision, des romans policiers, savez-vous qu'il existe de la musique, des films, des histoires racontées sur CD ? Voulez vous que la bibliothécaire prenne contact avec vous par téléphone ? Vous pouvez l'appeler vous-même au..........).

  • Réorienter éventuellement les acquisitions et les abonnements de la bibliothèque sur des titres « large vision », ou pouvant intéresser davantage le lectorat âgé : Histoire, magazines de géographie et voyages, Notre Temps, Veillées des Chaumières (? ?) (Il existe une offre « magazine seniors » se renseigner sur sa qualité auprès des collègues bibliothécaires).
  • Si la mairie accepte de valoriser ce nouveau service, demander un aide exceptionnelle d'enrichissement du fonds de romans en large vision (offres de soldeurs ?).